Meurtres, tortures, violences sexuelles et ethniques: Médecins sans Frontières dénonce

Le coût humain de la guerre au Soudan

Sudanese refugees and ethnic South Sudanese who have fled the war in Sudan carry their belongings ...
01 août 2024

Les données sont claires et laissent peu de place à l'imagination: c'est une situation de crise absolue au Soudan qui, depuis avril 2023, est de nouveau plongé dans la guerre civile qui oppose les Forces armées soudanaises et les Forces de soutien rapide ainsi que leurs partisans dans tout le pays. Les hôpitaux sont attaqués, les marchés bombardés et les maisons rasées. Au total, 24 millions de personnes sont touchées, dont la moitié sont des enfants.

Le nouveau rapport de Médecins Sans Frontières (msf), intitulé «Une guerre contre la population», met en lumière une situation sanitaire dramatique dans le pays africain, où seulement 20 à 30% des infrastructures fonctionneraient. En outre, une enquête menée par l'organisation a révélé que sur 135 femmes ayant survécu à des violences, 90% ont été à nouveau maltraitées par des personnes armées à l'intérieur des camps de réfugiés. Le déplacement est un problème très pressant dans le pays: on estime que le dernier conflit a provoqué environ sept millions de déplacés internes, qui viennent s'ajouter aux trois millions de personnes qui s'étaient déjà retrouvées sans foyer à la suite de conflits antérieurs. A ces personnes, selon un rapport de l'Organisation internationale pour les migrations, organisme des Nations unies, s'ajoutent 2,2 millions de réfugiés qui ont fui vers les pays voisins, principalement le Sud-Soudan, le Tchad, l'Ethiopie, la Libye, l'Egypte et la République centrafricaine.

Selon msf, la situation au Darfour est particulièrement préoccupante, avec des épisodes de violence ethnique à l'encontre de la population: selon les témoignages recueillis, au cours de l'été dernier à Nyala, des milices armées ont pillé des maisons, battu et tué des personnes appartenant à la communauté Masalit et à d'autres groupes ethniques non arabes. L'Organisation mondiale de la santé a récemment lancé un appel sur la situation dans la ville d'El Fasher, capitale du Darfour-Nord, où environ 800.000 personnes seraient bloquées par les combats entre les deux factions qui se disputent le pouvoir. L'espoir d'une résolution à court terme du conflit reste mince: les 11 et 12 juillet, des pourparlers à distance ont eu lieu entre les parties à Genève, sous la médiation des Nations unies, mais aucune résolution concrète n'a encore été adoptée en ce qui concerne le cessez-le-feu. (Roberta Barbi)