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La lumière douce et humble qui resplendit dans le tunnel

 La lumière douce et humble qui resplendit dans le tunnel  FRA-036
05 septembre 2024

«Quand on pense à un tunnel, on imagine facilement un chemin sombre qui peut faire peur». C’est ainsi que le Pape a introduit le salut qu’il a voulu apporter jusque dans le «Tunnel de l’Amitié», qui relie à Jakarta la mosquée Istiqlal, la plus grande d’Asie, avec la cathédrale Sainte-Marie de l’Assomp-tion. Et à travers ces paroles, il a saisi toute la force paradoxale de ce lieu. En effet, généralement, un tunnel est un lieu obscur et, s’il y a une lumière, elle est au bout. «Ici, c’est différent», a ajouté le Pape, «car tout est éclairé. Mais je voudrais vous dire que vous êtes la lumière qui l’éclaire, par votre amitié, l’harmonie que vous cultivez, le soutien que vous vous apportez mutuellement, et par votre marche ensemble qui vous conduit, au bout du chemin, à la pleine lumière». Il y a donc une lumière non pas à la fin, mais au début, avant, pendant et après, partout. Car si tu es lumière, tu vas vers la lumière. Un peu comme cet homme enfermé dans le labyrinthe dont parle l’écrivain allemand Michael Ende: «Un homme est enfermé dans un labyrinthe. Pour être heureux, il doit sortir du labyrinthe, mais pour sortir du labyrinthe, il doit être heureux».

Le Pape François a indiqué aux personnes présentes la lumière qui illumine tout le tunnel puis, quelques minutes plus tard, au terme de son discours lors de la rencontre interreligieuse qui s’est déroulée dans la mosquée, il leur a dit: «Merci pour votre sourire aimable, qui brille toujours sur vos visages et est un signe de votre beauté et de votre ouverture intérieure. Puisse Dieu vous accorder ce don». Les hommes qui sourient avec gentillesse sont eux-mêmes cette lumière resplendissante dans le tunnel.

Il est intéressant d’observer que le Pape, au moment où il affirme la splendeur lumineuse de ce sourire, prie aussi Dieu d’accorder ce don. Les deux choses vont ensemble; les hommes peuvent être lumière, mais uniquement s’ils peuvent la «contenir», s’ils accueillent une lumière qui arrive de l’extérieur, la contenir mais aussi être «trans-parents» afin de réfléchir cette lumière. Cela parce que, comme l’a expliqué le Pape le même jour lors de l’homélie de la Messe dans le stade Gelora Bung Carno, «le cœur de l’homme est toujours à la recherche d’une vérité capable de nourrir et d’assouvir son désir de bonheur; que nous ne pouvons pas nous satisfaire des seules paroles humaines, des critères de ce monde, des jugements terrestres. Nous avons toujours besoin d’une lumière qui vienne d’en haut pour éclairer nos pas».

Nous sommes lumière et dans le même temps notre lumière est réfléchie. Nous sommes à la fois croyants et incrédules comme le père de l’enfant possédé par l’Esprit qui s’adresse à Jésus par la prière la plus vibrante et la plus poignante, en un mot la «plus humaine» que l’on puisse élever: «Je crois! Viens en aide à mon peu de foi!» (Mc 9, 24). Notre possibilité d’être lumière est aussi réelle que fragile. Souvent, en effet, nous tombons dans l’ombre dont nous sommes parfois nous-même les auteurs. «La lumière est tout autour de toi», dit Black à White dans la pièce de théâtre Sunset Limited, de Cormac McCarthy, «mais tu ne vois que l’ombre. Et l’ombre est la tienne. C’est toi qui l'as créée». De là jaillit la responsabilité pour ceux qui marchent dans la lumière de la foi: «Nous, croyants», a rappelé le Pape dans son salut, «qui appartenons à des traditions religieuses différentes, avons un rôle à jouer: aider chacun à traverser le tunnel les yeux tournés vers la lumière». Pour donner notre lumière aux autres, il est donc nécessaire de reconnaître que cette lumière n’est pas la nôtre, mais est un don comme le rappelle de façon poétique le Psaume 36 au verset 10: «En toi est la source de vie, par ta lumière nous -voyons la lumière».

L’humilité est donc nécessaire: «Notre vie de foi commence», a affirmé le Pape dans l’homélie lors de la Messe, «lorsque nous accueillons humblement Jésus dans la barque de notre vie, lorsque nous lui faisons de la place, lors-que nous écoutons sa Parole et que nous nous laissons interpeller, secouer et changer par elle». C’est également là, dans l’appel à la responsabilité à être lumière, douce et humble, du monde, que réside le sens de ce long voyage du Pape François à l’autre bout de la terre. (andrea monda)

Andrea Monda