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Entretien avec les journalistes au cours du vol de retour à Rome

A Gaza aucun pas n’est fait pour la paix Seule la fraternité peut arrêter la guerre

 A Gaza aucun pas n’est fait pour la paix Seule la fraternité peut arrêter la guerre  FRA-038
19 septembre 2024

Sur le vol qui, de Singapour, l’a reconduit à Rome dans la soirée du vendredi 13 septembre, le Pape François a répondu comme de coutume en conclusion des voyages internationaux, aux questions que lui ont posées les journalistes accrédités. En introduisant le colloque, le directeur de la salle de presse, Matteo Bruni, a remercié le Pape pour «nous avoir fait ressentir davantage la joie des gens que notre fatigue» au cours des nombreuses journées passées en Asie et en Océanie. Nous publions ci-dessous l’intégralité des paroles du Pape en réponse aux questions posées en diverses langues:

Pape François — Je voudrais avant tout vous remercier tous pour ce travail, pour votre compagnie au cours de ce voyage, qui est très important pour moi. Je voudrais aussi féliciter la «doyenne», parce que Valentina Alazraki célèbre son 160e voyage avec celui-ci! Je ne lui dirai pas qu’elle doit aller à la retraite, mais qu’elle continue ainsi!

Bien, maintenant, posez-moi vos questions. Et merci beaucoup!

Pei Ting Wong [The Straits Times] — Pape François, je suis heureux que vous alliez bien et que vous soyez de retour à Rome. J’espère que vous avez apprécié votre visite à Singapour, ainsi que la cuisine locale. Nous revenons de l’expérience de Singapour et nous pouvons partir de là. En général, qu’avez-vous apprécié le plus de Singapour: la culture, les gens? Avez-vous été surpris de ce que vous avez vu? Et que peut apprendre Singapour des trois autres pays que nous avons visités, je me réfère en particulier à votre message concernant un salaire égal aux travailleurs migrants à faible revenu: qu’est-ce qui a inspiré ce message, quelle est la pensée à l’origine? Et l’autre question — pardon, j’en ai une autre —: Vous avez dit que Singapour peut jouer un rôle très particulier dans le domaine international. Que peut faire Singapour dans ce monde en conflit; et quelle est la contribution que le Vatican, en tant qu’allier diplomatique, peut apporter? Merci.

Merci à vous. Tout d’abord, je ne m’attendais pas à trouver Singapour ainsi. On l’appelle la New York de l’Orient: un pays développé, propre, des gens polis, une ville avec de grands gratte-ciels et aussi une grande culture interreligieuse. La rencontre interreligieuse à laquelle j’ai assisté à la fin a été un modèle, un modèle de fraternité. Puis j’ai vu, en parlant des migrants, des gratte-ciels pour les ouvriers. Les gratte-ciels -luxueux et les autres qui sont bien faits, propres, j’ai beaucoup aimé ça. Je n’ai pas senti de discrimination, je n’en ai pas senti. J’ai été impressionné par la culture. Avec les étudiants, par exemple, le dernier jour: j’ai été touché par cette culture. Le rôle international: j’ai vu que la semaine prochaine, il y a un grand prix de Formule 1, je crois... Le rôle international d’une capitale qui attire les cultures et cela est important. C’est une grande capitale. Je ne m’attendais pas à trouver quelque chose comme ça.

Pei Ting Wong — L’autre question: Que peut apprendre Singapour des trois pays: Papouasie-Nouvelle-Guinée, Indonésie et Timor oriental?

Vous savez, on peut toujours apprendre quelque chose, parce que chaque personne et chaque pays ont une richesse différente de l’autre. C’est pourquoi la fraternité dans la communication est importante. Par exemple, si je pense au Timor oriental, j’ai vu beaucoup d’enfants, alors qu’à Singapour, je n’en ai pas vu autant. C’est peut-être quelque chose à apprendre...

Pei Ting Wong — Oui, nous avons un faible taux de natalité.

Ont-ils peur? Quel est votre taux de natalité?

Pei Ting Wong — Inférieur à 1,2%, plus bas que celui du Japon, pour autant que je sache.

Et l’avenir, ce sont les enfants! Pen-sez-y. Merci. Et, autre chose: vous, les Singapouriens, vous êtes très sympathiques! You smile, smile...

Delfim De Oliveira (GMN TV, Grupo Media Nacional) du Timor oriental — Saint-Père, je vous remercie pour cette opportunité. Votre message final lors de la Messe à Taci Tolu, est la nouvelle la plus diffusée à présent au Timor. Vous avez utilisé l’expression «crocodiles» pour attirer l’attention des Timorais sur la présence des crocodiles au Timor oriental. Que vouliez-vous dire par là?

J’ai pris l’image des crocodiles qui arrivent sur la plage. Le Timor oriental a une culture simple, familiale et joyeuse, et a une culture de vie: il y a beaucoup d’enfants, beaucoup et quand je parlais de crocodiles, je parlais des idées qui peuvent venir de l’extérieur pour nuire à cette harmonie que vous avez. Je vous dis une chose: je suis tombé amoureux du Timor oriental! Autre chose?

Delfim De Oliveira — Le peuple timorais est à majorité catholique; en ce moment, il y a une forte présence de sectes au Timor oriental: l’expression «crocodiles» peut-elle aussi se référer aux sectes au Timor?

Peut-être, je n’en parle pas, je ne peux pas, mais peut-être. Parce que toutes les religions doivent être respectées, mais on fait une distinction entre religion et secte. La religion est universelle, quelle qu’elle soit: la secte est restrictive, c’est un petit groupe qui a toujours une autre intention. Merci et félicitations pour votre pays.

Francisca Christy Rosana (Tempo Media Group) — Merci Pape François: je m’appelle Francisca, de Tempo Magazine. J’espère que vous avez vécu des moments inoubliables en Indonésie, parce que les habitants du pays, et pas seulement les catholiques, vous attendaient depuis longtemps. Mes questions sont les suivantes: nous avons vu que le pays combat encore pour la démocratie. Quelle est votre impression, et quel est votre message pour nous? Et la dernière question: la Papouasie et l’Indonésie ont parfois les mêmes problèmes: les investissements dans le secteur de l’extraction minière sont réservés aux oligarques, alors que les populations locales et autochtones ne bénéficient pas des bénéfices qui découlent de ces activités. Qu’en pensez-vous et que peut-on faire? Merci, Pape François.

Je dirais qu’il s’agit d’un problème commun aux pays en voie de développement. C’est pourquoi ce que dit la doctrine sociale de l’Eglise est important: qu’il y ait une communication entre les différents secteurs de la société. Vous avez dit que l’Indonésie est un pays en voie de développement et que l’une des choses qu’il faut peut-être développer est précisément cela: la relation sociale. J’ai été ravi de cette visite dans votre pays. Il est très bien, très beau!

Matteo Bruni — Sainteté, la presse de Papouasie-Nouvelle-Guinée a suivi votre voyage avec beaucoup d’intérêt, mais il ne lui a malheureusement pas été possible d’avoir un journaliste sur le vol. Je voudrais profiter de cette occasion pour vous demander s’il y a quelque chose que vous aimeriez nous dire sur la Papouasie-Nouvelle-Guinée, en particulier sur Vanimo aussi, qui est un endroit où, je crois, vous vouliez vous rendre personnellement.

J’ai aimé le pays et j’y ai vu un pays en forte voie de développement. Ensuite, j’ai voulu aller à Vanimo pour rencontrer un groupe de prêtres et de religieuses d’Argentine qui œuvrent là-bas et j’ai vu une organisation très belle, très belle! Dans tous les pays, l’art est très développé: les danses, les autres expressions poétiques... Mais en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le développement de l’art est impressionnant et à Vanimo aussi. Cela m’a beaucoup impressionné. Les missionnaires que j’ai rencontrés sont dans la forêt, ils vont dans la forêt pour travailler. J’ai aimé Vanimo et le pays aussi. Merci.

Stefania Falasca (Tianou Zhiku) — Bon-soir, Saint-Père. Malheureusement, je ne parle pas chinois! Nous venons de Singapour, qui est un pays dont la population est majoritairement chinoise et qui est un modèle de coexistence harmonieuse et pacifique. En ce qui concerne la paix précisément, je voulais savoir ce que vous pensez, étant donné également la proximité avec la Chine continentale, des efforts déployés par la Chine pour parvenir à un cessez-le-feu dans les régions en conflit, comme la bande de Gaza: en juillet, la déclaration de Pékin a été signée pour mettre fin aux divisions entre les Palestiniens. Ensuite, je voulais vous demander s’il y a de la place pour une collaboration sur la paix entre la Chine et le Saint-Siège. Enfin, une dernière chose, nous approchons du renouvellement de l’accord entre la Chine et le Saint-Siège sur la nomination des évêques. Etes-vous satisfait des résultats et du dialogue obtenus jusqu’à présent?

Je réponds à la dernière question. Je suis satisfait du dialogue avec la Chine. Le résultat est bon, même pour la nomination des évêques, le travail se fait avec bonne volonté. La secrétairerie d’Etat m’a expliqué comment les choses se passaient: je suis content. La Chine est pour moi una ilusión (un désir), dans le sens où j’aimerais visiter la Chine, parce que c’est un grand pays; j’admire la Chine, je respecte la Chine. C’est un pays qui a une culture millénaire, une capacité de dialogue pour se comprendre, qui va au-delà des différents systèmes de gouvernement qu’elle a connus. Je crois que la Chine est une promesse et une espérance pour l’Eglise. La collaboration est possible et, concernant les conflits, certainement. Actuellement, le cardinal Zuppi agit dans ce sens et entretient également des relations avec la Chine.

Anna Matranga (CBS News) — Bonsoir, Sainteté. Vous avez toujours défendu la dignité de la vie. Au Timor oriental, un pays où le taux de natalité est très élevé, vous avez dit que l’on sent la vie palpiter et exploser en raison du grand nombre d’enfants. A Singapour, vous avez pris la défense des travailleurs migrants. En vue des prochaines élections aux Etats-Unis, je voudrais vous demander: quel conseil pouvez-vous donner à un électeur catholique qui doit choisir entre un candidat favorable à l’interruption de grossesse et un autre qui voudrait expulser 11 millions d’immigrés?

Tous deux sont contre la vie, aussi bien celui qui rejette les migrants que celui qui tue les enfants. Les deux sont contre la vie. On ne peut pas décider, je ne peux pas dire, je ne suis pas américain, je ne voterai pas là-bas, mais que ce soit clair: renvoyer les migrants, ne pas donner aux migrants la possibilité de travailler, ne pas les accueillir est un péché, et un péché grave. Dans l’Ancien Testament, il y a un refrain: l’orphelin, la veuve et l’étranger, c’est-à-dire le migrant. Ce sont les trois catégories que le peuple d’Israël doit protéger. Celui qui ne prend pas soin du migrant commet un péché, un péché aussi contre la vie et contre les personnes. J’ai célébré la Messe à la frontière, près du diocèse d’El Paso. Il y avait beaucoup de chaussures de migrants, qui ont mal fini là-bas. Aujourd’hui, il y a un flux de migrants à l’intérieur de l’Amérique centrale, et les migrants sont souvent traités comme des esclaves parce qu’on profite d’eux. La migration est un droit, un droit qui existait déjà dans les Saintes Ecritures et dans l’Ancien Testament. L’étranger, l’orphelin et la veuve, ne l’oubliez pas. Voilà ce que je pense des migrants. Ensuite, l’avortement. La science dit que dans le mois de la conception, il y a déjà tous les organes d’un être humain, tous. Pratiquer un avortement, c’est tuer un être humain. Que l’on aime le mot ou pas, c’est tuer. L’Eglise n’est pas fermée parce qu’elle n’autorise pas l’avortement: l’Eglise n’autorise pas l’avortement parce cela signifie tuer, c’est un meurtre, c’est un meurtre. Et sur ce point, nous devons être clairs: ren-voyer les migrants, ne pas les laisser se développer, ne pas les laisser vivre, c’est une mauvaise chose, c’est de la méchanceté. Enlever un enfant du sein de sa mère est un meurtre, parce qu’il y a la vie. Et sur ces choses, nous devons parler clairement. «Non, mais, toutefois...». Pas de «mais». Les deux choses sont claires. L’orphelin, l’étranger et la veuve. Ne l’oubliez pas.

Anna Matranga — Peut-il y avoir des conditions dans lesquelles il est moralement admissible pour un catholique de voter pour un candidat qui est en faveur de l’interruption de la vie?

En morale politique, on dit généralement que ne pas voter est mauvais, que ce n’est pas bon. Il faut voter. Et il faut choisir le moindre mal. Qui est le moindre mal? Cette dame ou ce monsieur? Je ne sais pas, que chacun, en conscience, pense et fasse cela.

Mimmo Muolo (Avvenire) — Bonsoir, Sainteté, merci pour ces journées. Au nom des journalistes italiens, je voudrais vous demander: Il existe le danger que le conflit de Gaza s’étende aussi à la Cisjordanie. Il y a eu une explosion il y a quelques heures qui a provoqué la mort de 18 personnes, dont des opérateurs de l’onu. Quels sont vos sentiments en ce moment? Et que voulez-vous dire aux belligérants? Existe-t-il une possibilité de médiation de la part du Saint-Siège pour parvenir à un cessez-le-feu et à la paix espérée? Merci.

Le Saint-Siège y travaille. Je vous dis une chose: chaque jour, j’appelle Gaza, tous les jours, la paroisse de Gaza, il y a 600 personnes dans la paroisse et le collège là-bas: des chrétiens, des musulmans, mais ils vivent en frères. Ils me racontent des choses graves, des choses difficiles. Je ne peux pas dire si cet acte de guerre que vous avez évoqué est trop sanglant ou non, mais, s’il vous plaît, quand on voit les corps des enfants tués, quand on voit que, parce que l’on soupçonne que des combattants sont là, on bombarde une école, tout cela est grave, grave, grave! Parfois, on dit que c’est une guerre défensive, ou pas, mais parfois je pense que c’est une guerre trop, trop... Et — je m’excuse de dire cela —, mais je ne trouve pas que l’on fasse des pas pour faire la paix. Par exemple, à Vérone, j’ai vécu une très belle expérience. Un juif, dont la femme était morte dans un bombardement, et un habitant de Gaza, dont la fille était morte, ont tous deux parlé de paix. Ils se sont embrassés, ont donné un témoignage de fraternité. Je dirais ceci: la fraternité est plus importante que le meurtre d’un frère. La fraternité, se donner la main. En fin de -compte, celui qui gagne la guerre connaîtra une grande défaite. La guerre est toujours une défaite, toujours, sans exception. Nous ne devons pas l’oublier. C’est pourquoi tout ce qui est fait pour la paix est important. Et en outre, je voudrais dire une chose — qui est peut-être un peu une ingérence dans la politique mais je veux le dire —: je suis très, très reconnaissant au roi de Jordanie pour ce qu’il fait, c’est un homme de paix et il essaie de faire la paix, le roi Abdallah ii est un homme bon, bon.

Lisa Weiss (ARD) — Saint-Père, merci pour ces jours. Au cours de ce voyage, vous avez parlé très ouvertement, de façon très directe, des problèmes de chaque pays, et pas seulement de ses beautés. C’est précisément pour cette raison que nous vous avons demandé pourquoi vous n’avez pas parlé du problème de la peine de mort qui existe toujours à Singapour?

C’est vrai, cela ne m’est pas venu à l’esprit. La peine de mort ne fonc-tionne pas: nous devons chercher à l’éliminer lentement, lentement. Dans de nombreux pays, elle est encore en vigueur, mais ils n’appliquent pas la sentence. Aux Etats-Unis, c’est la même chose pour certains Etats. Mais il faut mettre un terme à la peine de mort, ça ne va pas, ça ne va pas.

Simon Leplâtre (Le Monde) — Votre Sainteté, tout d’abord merci pour ce voyage fascinant. Au Timor oriental, vous avez mentionné les jeunes victimes d’abus sexuels. Nous avons évidemment pensé à Mgr Belo. En France, nous avons un cas similaire avec l’abbé Pierre, fondateur de l’association caritative Emmaüs, qui fut pendant plusieurs années élu personnalité préférée des Français. Dans les deux cas, le charisme de ces deux personnes rendait ces faits plus difficiles à croire. Je voudrais vous demander: que savait le Vatican de l’abbé Pierre? Et que dire à toutes les personnes qui ont du mal à croire qu’une personne qui a fait tant de bien puisse aussi avoir commis des crimes? Et en parlant de la France, je voudrais savoir: serez-vous à Paris pour la réouverture de Notre-Dame? Merci beaucoup.

Je réponds à la dernière: je n’irai pas à Paris. Puis la première. Vous avez touché un point très sensible et très délicat. Des gens bien, des gens qui font le bien — vous avez parlé de l’abbé Pierre — et avec tout le bien fait, on voit que cette personne est un terrible pécheur. Et c’est notre condition humaine. Il ne faut pas dire: «couvrons, couvrons pour que ça ne se voit pas». Les péchés publics sont publics et doivent être condamnés. Par exemple, l’abbé Pierre est un homme qui a fait beaucoup de bien, mais c’est aussi un pécheur. Nous devons parler clairement de ces choses, et non les cacher. La lutte contre les abus est quelque chose que nous devons tous faire: mais pas seulement contre les abus sexuels, contre tous les types d’abus: les abus sociaux, les abus éducatifs, changer la mentalité des personnes, supprimer la liberté... L’abus est à mon avis une chose démoniaque, car tout type d’abus détruit la dignité de la personne, tout type d’abus tente de détruire ce que nous sommes tous: l’image de Dieu. Je suis content quand ces cas sont révélés au grand jour. Je vais vous dire quelque chose que j’ai peut-être dit une autre fois: il y a cinq ans, nous avons eu une réunion avec les présidents des conférences épiscopales sur des cas d’abus sexuels et d’autres abus, et nous avons eu des statistiques très bien faites, je crois des Nations unies. De 42% à 46% des abus ont lieu au sein de la famille ou dans le quartier... [interruption] Enfin, les abus sexuels sur enfants, des mineurs, sont un crime et une honte.

Elisabetta Piqué (La Naciòn) — Tout d’abord merci pour ce très beau voyage au bout du monde: cela a été le plus long du pontificat. Et en parlant de très longs voyages, de nombreux collègues m’ont demandé: «Mais allons-nous en Argentine?». Vous avez souvent dit que peut-être, à la fin de l’année... C’est la première question: irons-nous en Argentine ou pas? Deuxième question, au Venezuela, comme vous le savez, la situation est dramatique. En ces jours de voyage, le président théoriquement élu a dû s’exiler en Espagne. Quel message adresseriez-vous au peuple vénézuélien? Merci.

Je n’ai pas suivi la situation au Vénézuéla mais le message que je donnerais aux gouvernements est de dialoguer et de faire la paix. Les dictatures sont inutiles et finissent mal, tôt ou tard. Lisez l’histoire de l’Eglise. Je dirai que le gouvernement et le peuple doivent tout faire pour trouver un chemin vers la paix, pour le Vénézuéla. Je ne peux pas donner d’opinion politique car je ne connais pas les détails. Je sais que les évêques ont parlé et que le message des évêques doit être meilleur. Ensuite, la question de savoir si j’irai en Argentine est une chose qui n’a pas encore été décidée. J’aimerais y aller, c’est mon peuple, j’aimerais y aller; mais ce n’est pas encore décidé, parce qu’il y a diverses choses à résoudre avant. C’est tout?

Elisabetta Piqué — Si vous y allez, pourrait-il y avoir une escale aux Canaries?

Tu as lu dans mes pensées. Je pense un peu à cela: aller aux îles Canaries, car il y a là-bas des situations de migrants qui viennent par la mer et j’aimerais être proche des dirigeants et du peuple des Canaries. C’est vrai.

Bonifasius Josie Susilo Hardianto (Kompas.Id) — Merci, Saint-Père. Certains pays commencent à se distancier de leur engagement pris dans le cadre de l’Accord de Paris pour des raisons de difficultés économiques, notamment suite à la pandémie. De nombreux pays hésitent à affronter la tran-sition vers une énergies propre et reposant moins sur les combustibles fossiles. Que pensez-vous de ces questions?

Je pense que le problème climatique est grave, très grave. Depuis Paris, qui a été le point culminant, les rencontres sur le climat se dégradent. On parle, on parle, mais on ne fait rien. C’est mon impression. J’en ai parlé dans les deux documents: Laudato si’ et Laudate Deum.

Matteo Bruni — En tout cas, nous vous remercions, Sainteté...

Merci à vous. Merci. Et en avant, courage. Espérons que l’on nous donne à manger maintenant!...

Non, il y a une chose à laquelle je n’ai pas répondu...

Matteo Bruni — Pour compléter la réponse à Simon Leplâtre.

Ce que le Vatican savait de l’abbé Pierre. Je ne sais pas quand le Vatican l’a découvert, je ne sais pas. Je ne sais pas parce que je n’étais pas là et l’idée de faire des recherches là-dessus ne m’est jamais venue à l’esprit. Mais certainement après sa mort c’est certain; mais avant, je ne sais pas.

Matteo Bruni — Merci encore, Sainteté, pour ces éclaircissements. Bonne conclusion de voyage.