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L’inoubliable voyage du Pape missionnaire du bout du monde

19 septembre 2024

Au terme du plus long voyage du pontificat du Pape François, en Asie et en Océanie, certaines images sont destinées à rester dans les esprits et dans les cœurs. La première est celle du «tunnel de l'amitié» que François a béni aux côtés du Grand Imam de Jakarta: à une époque où les tunnels sont associés à la guerre, au terrorisme, à la violence et la mort, ce passage souterrain reliant la grande mosquée à la cathédrale catholique est un signe et une semence d'espérance. Les gestes d'amitié et de sympathie que l'Evêque de Rome et l'Imam ont échangés ont touché une corde sensible dans le plus grand pays musulman du monde.

La deuxième image montre François montant à bord d'un Hercules C130 de l'armée de l'air australienne pour aller à Vanimo, dans le nord-ouest de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, afin de rendre visite à trois missionnaires d'origine argentine et à leur peuple, apportant avec lui une tonne d'aide et de cadeaux. Le Pape, qui dans sa jeunesse rêvait d'être missionnaire au Japon, attendait avec impatience cette étape dans le lieu le plus périphérique au monde, où il a été accueilli par des hommes et des femmes aux costumes traditionnels colorés. Etre missionnaire, c'est avant tout partager la vie, les nombreux problèmes et l’espérance de ce peuple qui vit dans la précarité au milieu d'une nature éclatante. C'est témoigner du visage d'un Dieu qui est tendresse et compassion.

La troisième image est celle du président de la République du Timor oriental, José Manuel Ramos-Horta qui, à la fin des discours officiels dans le palais présidentiel de Dili, s'est penché pour aider le Pape à bien positionner ses pieds dans les repose-pieds du fauteuil roulant. Dans ce pays, qui est le plus catholique du monde, la foi est un élément identitaire fort et le rôle de l'Eglise a été déterminant dans le processus qui l’a conduit à l'indépendance vis-à-vis de l'Indonésie.

La quatrième image est celle, émouvante, de l'accolade du Pape avec les enfants handicapés pris en charge par les religieuses de l'école Irmãs Alma: des gestes, des regards, quelques paroles profondément évangéliques pour nous rappeler que ces enfants qui manquent de tout, en se laissant soigner, nous enseignent à nous laisser soigner par Dieu. La question de savoir pourquoi les petits souffrent est une lame qui blesse, une plaie qui ne guérit pas. La réponse de François est la proximité et l'étreinte.

La cinquième image est celle du peuple timorais qui a attendu le Pape pendant des heures, sous un soleil brûlant, sur l'esplanade de Taci Tolu. Plus de 600.000 personnes étaient présentes, soit pratiquement un Timorais sur deux. François a été impressionné par cet accueil et cette chaleur, dans un pays qui, après avoir lutté pour obtenir son indépendance de l'Indonésie, construit lentement son avenir. 65% de la population a moins de 30 ans, et les rues parcourues par la papamobile débordaient de jeunes hommes et de jeunes femmes avec leurs enfants en bas âge. Une espérance pour l'Eglise. Une espérance pour le monde.

La sixième image est celle du panorama urbain de Singapour, l'île-Etat qui possède les gratte-ciels parmi les plus hauts et les plus modernes. Un pays développé et riche. Impossible de ne pas penser au contraste avec les rues poussiéreuses de Dili que le Pape a quittées quelques heures plus tôt. Ici aussi, où la prospérité est évidente à chaque coin de rue, où la vie est organisée et les transports sont très rapides, François a pris tout le monde dans ses bras. Il a montré le chemin de l'amour, de l'harmonie et de la fraternité.

Enfin, la dernière image est celle du Pape lui-même. Certains doutaient qu'il puisse résister à la fatigue d'un si long voyage, dans des pays au climat tropical. Au contraire, ce fut un crescendo: au lieu de se fatiguer jour après jour, enchaînant les kilomètres, les transferts et les vols, il a retrouvé de l'énergie. Il a rencontré les jeunes des différents pays, abandonnant son texte écrit et dialoguant avec eux, revigorant son esprit mais aussi son corps. Jeune parmi les jeunes, malgré les 88 ans qu'il aura à la veille du Jubilé.

Andrea Tornielli