En avril 2022, en préparation au Synode, l'Institut Costanza Scelfo pour les problèmes des femmes et des laïcs dans l’Eglise (Istituto Costanza Scelfo per i problemi delle donne e dei laici nella Chiesa), un département de la Société italienne pour la recherche théologique (Società Italiana per la Ricerca Teologica ) a organisé un colloque à la Faculté pontificale de théologie Marianum, en synergie avec la Chaire « Femme et Christianisme », sur le thème « Synodalité. Du peuple de Dieu ? » dont les actes ont été publiés par Il Pozzo di Giacobbe.
En écrivant la préface, j'ai proposé une liste des grandes lignes de ce que je considère comme les pierres angulaires de la synodalité. Je les ai développées dans le livre Sinodalità e Riforma della Chiesa, publié aux éditions San Paolo 2023 (Synodalité et réforme de l’Eglise).
J'en repropose dix comme thèmes de discussion et de comparaison.
1. La synodalité, avant de parler de style et de méthode, indique l'identité de l'Eglise à l'origine rassemblement/assemblée
2. Dans celle-ci, chaque croyant a son propre don (charisme) orienté vers la croissance du corps.
3. Il est nécessaire de redécouvrir et de discerner la potestas (autorité) et l'exousia (capacité) qui caractérisent chaque don et le font évoluer vers la royauté, le sacerdoce, la prophétie.
4. C'est précisément la présence de l'Esprit et le don/charisme de chaque personne qui exigent la participation de tous et de chacun aux processus de réception/confession/transmission/élaboration/célébration de la foi et aux décisions opérationnelles qui s'ensuivent.
5. Il est convient d'abandonner tout critère gérontologique, androcentrique, sacral, en acceptant le défi de la convergence/symphonie des dons pour permettre, dans la mesure du possible, leur traduction, faisant autorité, des ministères, en mettant en œuvre des critères de discernement visant à la reconnaissance partagée de la compétence propre à chacun.
6. Il est nécessaire d'abandonner tout cléricalisme et de briser les asymétries dichotomiques homme/femme ; clercs/laïcs afin de repenser le ministère au-delà de la logique mondaine et violente du pouvoir pour le retrouver comme service mutuel (diakonia).
7. Créées à l'image de la Trinité et appelées à partager sa vie, toutes les Eglises doivent témoigner du caractère de communion et attester le principe de l'interrelation comme constitutif du mystère de Dieu et de ses propres créatures.
8. La synodalité a un fonctionnement interrelationnel, adaptable à des formes toujours nouvelles, quoi qu’il en soit enracinée dans le « marcher ensemble » originel qui caractérise tous les hommes et toutes les femmes, croyants et non-croyants.
9. Elle devient subsidiarité en s'ouvrant à l'écosystème planétaire mondial dont nous faisons tous partie.
10. Les Eglises sont les interprètes vigilantes des « signes des temps », tant dans la conversion permanente des sujets individuels que dans la réforme permanente et nécessaire de ses structures.
Ce décalogue n'est pas exhaustif ; c'est une invitation provocatrice à la réflexion.
Il reste tant de sujets brûlants, de questions en suspens… Le discernement, les charismes, la subjectivité baptismale, l'autorité, le ministère, et tant encore, se croisent avec le nœud incontournable d'une réforme de l'Eglise qui n'est possible qu'à partir d'une interrelation synodale, c’est-à-dire fraternelle et sororale.
Cettina Militello
Théologienne, vice-présidente de la Fondazione Accademia Via Pulchritudinis ETS.