Une leçon du Synode

Redécouvrir le sens de l’attente

 Redécouvrir le sens de l’attente  FRA-042
17 octobre 2024

Sur certains balcons et vitrines de Rome, les illuminations de Noël sont apparues. La période estivale s'est achevée il y a quelques semaines et pourtant, certains souhaitent déjà avoir un avant-goût des prochaines vacances, réduisant le nombre de jours qui nous séparent de la prochaine fête. Et peu importe si elle est distante sur le calendrier. En effet, comme nous avons l'habitude de le voir depuis des années, de nombreux magasins incitent à ce rythme syncopé où, par exemple, lors de la période de Noël, nous n'avons même pas le temps d'acheter le dernier panettone qu'apparaissent déjà les premiers œufs de Pâques. Mais pourquoi nous retrouvons-nous à vivre immergés dans un environnement où les signes et les objets — des illuminations aux produits alimentaires — nous renvoient toujours à un moment festif? Peut-être parce que nous n'avons plus envie d'attendre. Surtout, nous ne voulons plus attendre pour les choses auxquelles nous tenons. Nous n'avons plus la valeur du temps qui passe, ce qui rendait encore plus désirable ce que nous voulions obtenir. Maintenant, nous voulons tout, tout de suite. Et dès que ce «tout» (partiel) est fini, qu'il a été consommé trop rapidement, nous sommes déjà projetés sur le «tout» suivant, qui disparaîtra tout aussi rapidement.

Depuis quelques décennies, nous faisons partie d'une société dans laquelle la rapidité est la dimension principale qui s'impose et a une incidence sur notre quotidien. Et cela a atteint, du moins en Occident, des niveaux spasmodiques. Nous avons construit des voitures plus rapides et des trains à grande vitesse. Nous avons fabriqué des ordinateurs qui exécutent des calculs et des programmes de plus en plus rapidement. Et enfin, la nourriture est devenue rapide: fast food, justement. Un proverbe ancien dit: «Rome ne s’est pas faite en un jour». Aujourd'hui, au contraire, on dirait: «Rome et en un jour». Dans cette centrifugeuse qui visiblement raccourcit jusqu'à éliminer chaque espace superflu, chaque hiatus qui n'est pas considéré productif, nous sommes passés à côté d'une grande partie de ce qui, pendant des millénaires, a accompagné et interrogé l'être humain et qui, non sans raison, a inspiré certains des plus grands chefs-d'œuvre de la littérature: l'attente. Cette attente confiante — rappelée plusieurs fois dans l'Evangile — qui est propre au paysan qui sème. Il ne sait pas si ces graines donneront du fruit, mais il continue de prendre soin du terrain et attend, confiant, le temps de la récolte sans se décourager.

L'Eglise aussi, qui marche dans l'histoire et accompagne les femmes et les hommes de chaque époque, peut courir le risque d'absorber cet esprit du temps qui n'admet pas de pauses ni d'attentes. Dans le fond, dans l'Eglise aussi — dans nos paroisses comme dans chaque réalité ecclésiale, petite ou grande — nous voudrions que tout puisse se résoudre rapidement. C'est la première réaction (très humaine) qui s'active à chaque fois qu'un problème surgit. Pourtant, le Pape François nous a mis en garde de nombreuses fois contre ce risque, contre cette hâte — bien différente de celle évangélique — qui veut nous convaincre que l'espace est supérieur au temps, et non le contraire.

Une terrain favorable à cette attente, à se réhabituer au temps de l'agriculteur qui sème sans en récolter immédiatement les fruits, est sans aucun doute le Synode sur la synodalité. Ce qui est en train de se dérouler au Vatican ces jours-ci est en effet l'étape finale (et en même temps de nouveau départ) d'un long chemin qui a duré trois ans. Un processus qui, à la volonté de François, n'a pas cherché de réponses toutes prêtes et décisives mais plutôt des questions ouvertes et communes sur lesquelles entamer la discussion. Une discussion qui n'est pas statique, mais en chemin — synodal justement — qui, dans le zèle du Bon Samaritain et la patience du Bon Samaritain, possède deux modèles à suivre pour bâtir une Eglise de plus en plus en mesure d'annoncer la Bonne Nouvelle.

Alessandro Gisotti