Table ronde sur les fruits du Synode d’octobre à l’Ambassade de France près le Saint-Siège

Une expérience transformatrice

 Une expérience transformatrice  FRA-046
14 novembre 2024

Si chaque baptisé est appelé à se former pour devenir une «personne synodale» capable de vivre dans une dimension de partage, de collaboration et de coresponsabilité, cette formation à la synodalité ne peut se réaliser qu’en commun et doit concerner laïcs, consacrés et prêtres, de toutes générations, avec comme premier formateur l’Esprit saint. C’est en substance l’un des enseignements qui ont émergé de la table ronde organisée par l’Ambassade de France près le Saint-Siège dans la soirée du 13 novembre, qui portait sur les fruits de la deuxième session de la xvie Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques conclue récemment au Vatican. Les intervenants invités à prendre la parole lors de cet événement étaient sœur Nathalie Becquart, sous-secrétaire de la Secrétairerie du Synode des évêques, mère Yvonne Reungoat et dom Mauro-Giuseppe Lepori, respectivement facilitatrice et membre de cette assemblée. Tout trois ont rapporté leurs impressions et leurs sentiments pendant les trois semaines de travaux, avec comme point commun le fait d’avoir été profondément transformés par cette expérience synodale.

Sœur Nathalie, en particulier, n’a pas manqué de souligner à quel point la procession d’ouverture de la veillée œcuménique du 11 octobre sur la place des Protomartyrs, au Vatican, à laquelle participait le Pape François, n’était pas sans rappeler le logo officiel de cette xvie Assemblée générale ordinaire, qui représente un groupe de personnes qui marchent avec l’Evêque de Rome. «J’ai aussi été marquée par le fait qu’à travers les paroles et les échanges entre ceux qui se trouvaient dans la Salle Paul vi résonnaient les échos de toute la planète — a déclaré la religieuse xavière — en particuliers les situations de conflits. La synodalité est aussi une réponse à ce monde en guerre: il n’y a pas d’autres moyens que de se mettre ensemble et d’écouter». De son côté, dom Mauro-Giuseppe Lepori, abbé général de l’Ordre cistercien, a affirmé avoir été «tout de suite frappé en arrivant par ce climat d’amitié nourri par des rencontres inattendues, une expérience objective qui ne venait pas de nous». La célébration pénitentielle du 1er octobre dans la basilique Saint-Pierre a constitué un autre moment marquant, «qui a poussé chacun d’entre nous à changer», a souligné mère Yvonne Reungoat, également membre du Dicastère pour les évêques.

«J’ai observé aussi un changement notable entre les deux sessions, concernant la réception du thème de la réciprocité — a déclaré la religieuse: en 2023 ce terme était assimilé à la complémentarité, tandis que cette année la distinction a été comprise. C’est le signe que des pas sont franchis non seulement en ce qui concerne les mots mais aussi leur sens». Développant ce thème de la réciprocité, la religieuse de la congrégation des Salésiennes de Don Bosco a poursuivi: «Avec les deux autres femmes membres du Dicastère pour les évêques nous faisons l’expérience d’une bonne intégration, d’une possibilité de prise de parole et de responsabilités égales. C’est une grande expérience de discernement commun, ecclésial, avec des points de vues parfois différents».

Revenant sur le thème de la synodalité, dom Mauro-Giuseppe Lepori a souligné que cette dernière faisait partie «de l’être et non du faire de l’Eglise, de sa nature même. La deuxième session, en particulier, a beaucoup approfondi le thème de la nature sacramentelle de l’Eglise, le fait qu’elle est un peuple, mais aussi un corps visible qui marche dans le monde». «Comme l’a rappelé le Saint-Père, le Synode n’est pas un parlement; la nature des relations du peuple des baptisés est semblable aux relations entre les membres d’un corps», a déclaré le moine cistercien. «Dans ce style synodal — a affirmé pour sa part sœur Nathalie Becquart — l’Eglise comporte d’emblée deux dimensions interdépendantes et inséparables: nous formons une communauté, car le baptême nous crée tous égaux, mais en amont notre socle commun est l’humanité. La synodalité ne consiste donc pas seulement à être chrétiens entre nous, mais aussi à être chrétiens dans le monde. Pas seulement ad intra, mais aussi Eglise comme peuple au milieu de tous les peuples de la terre». Au niveau interne, la sous-secrétaire de la Secrétairerie du Synode des évêques a appelé à ce qu’au sein de l’Eglise «la synodalité pénètre par capillarité dans les communautés, dans les paroisses, afin que chacun ait le réflexe de faire entendre sa voix et d’écouter celle des autres».

Charles de Pechpeyrou