Chercher des voies à parcourir pour arriver à la paix

In this handout photograph taken and released by the Ukrainian Emergency Service on November 19, ...
21 novembre 2024

Mille jours. Mille jours se sont écoulés depuis le 24 février 2022, lorsque l’armée de la Fédération de Russie a attaqué et envahi l’Ukraine sur ordre du président Vladimir Poutine. Mille jours et un nombre indéterminé — mais très élevé — de morts, civils et militaires, de victimes innocentes comme des enfants tués dans les rues, dans les écoles, chez eux. Mille jours et des centaines de milliers de personnes blessées et traumatisées destinées à rester handicapées à vie, de familles sans abri. Mille jours et un pays martyr et dévasté.

Rien ne peut justifier cette tragédie qui aurait pu être arrêtée plus tôt, si tout le monde avait parié sur ce que le Pape François appelait les «projets de paix», au lieu de s'abandonner à la prétendue fatalité du conflit. Une guerre qui, comme toute autre, est toujours accompagnée d'intérêts, en premier lieu celui du seul business qui ne connaît pas de crise, et ne l'a même pas connue lors de la récente pandémie, celui global et transversal de ceux qui fabriquent et vendent des armements à l’Est et à l’Ouest.

La triste expiration des mille jours écoulés depuis le début de l’agression militaire contre l’Ukraine devrait soulever une seule question: comment mettre fin à ce conflit? Comment parvenir à un cessez-le-feu puis à une paix juste? Comment donner lieu à des négociations, ces «négociations honnêtes» dont parlait récemment le Successeur de Pierre, qui permettent d’aboutir à des «compromis honorables» mettant fin à une spirale dramatique qui risque de nous entraîner vers l’abîme d'une guerre nucléaire?

On ne peut pas se cacher derrière son doigt. L’encéphalogramme diplomatique semble plat, la seule lueur d'espoir semble être celle liée aux déclarations électorales du nouveau président des Etats-Unis d’Amérique. Mais la trêve, puis la paix négociée, sont — ou plutôt devraient être — un objectif poursuivi par tous et ne peuvent être laissés aux promesses d’un seul dirigeant.

Alors que faire? Comment l’Europe, en particulier, peut-elle retrouver un rôle digne de son passé et de ceux des dirigeants qui, dans la période d’après-guerre, ont construit une communauté de nations garantissant des décennies de paix et de coopération au Vieux Continent? Le soi-disant Occident, au lieu de se concentrer uniquement sur la folle course aux armements et sur les alliances militaires qui semblent désormais obsolètes et héritées de la Guerre froide, devrait peut-être prendre en considération le nombre croissant de nations qui ne se reconnaissent pas dans ce schéma.

Il existe des pays qui ont maintenu, voire intensifié, des relations de haut niveau avec la Russie: pourquoi ne pas examiner en profondeur les possibilités de trouver des solutions de paix communes? Pourquoi ne pas développer une action diplomatique et un dialogue constant à travers des consultations non sporadiques, non bureaucratiques mais intenses avec ces pays? Et si les chancelleries européennes peinent à s’engager dans cette voie, peut-on émettre l’hypothèse d’un rôle plus important pour les Eglises et les chefs religieux? Là encore, au-delà des contacts officiels, pourtant limités, on s'attendrait à une plus grande initiative d’analyses et de propositions en parallèle de la part des pays qui soutiennent financièrement et militairement l’Ukraine: il y a un besoin urgent de «think tanks» internationaux capables d'oser, d’indiquer les voies de solution possibles et concrètes, proposer des schémas pour une paix acceptable pour tous. Pour y parvenir, comme l’a déclaré le cardinal Parolin aux médias du Vatican, il faudrait un grand besoin «d’hommes d’Etat avec un regard clairvoyant, capables de gestes courageux d’humilité, capables de penser au bien de leur peuple». Et il est également nécessaire, comme jamais auparavant, que les gens élèvent la voix pour demander la paix. (andrea tornielli)