Nous fêtons le Christ Roi et Jésus dit à Pilate que sa «royauté n’est pas de ce monde». Est-ce un royaume dans un autre monde ou un royaume dans ce monde mais pas à la façon du monde? Tout au long de l'évangile de Marc qui nous a accompagnés en cette année liturgique, nous avons vu Jésus revisiter la tradition pour endosser à sa manière les habits royaux. Il nous en a donné la clé lorsque les fils de Zébédée revendiquaient de siéger l'un à sa droite, l'autre à sa gauche, dans sa gloire: «Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier sera l'esclave de tous...» (Marc, 10, 42-45). Si le chemin de l'incarnation est un abaissement, comme l’écrit Paul aux Philippiens, l'homme Jésus a inventé son chemin, en revisitant la tradition dont il était nourri. Et cette relecture l'a conduit à se mettre en tenue de service. Ce paradoxe apparent est une logique profonde du règne de Dieu: toutes les paraboles sur le royaume de Dieu dans les évangiles nous parlent d'un avènement sans triomphe: le levain dans la pâte, le trésor caché dans un champ… Le règne de Dieu ne s'impose pas, mais advient subrepticement si nous savons l'accueillir. Paul fait un lien de causalité entre l'abaissement et l'exaltation que nous fêtons aujourd'hui: «Il s'est dépouillé... C'est pourquoi Dieu l'a souverainement élevé...» (Ph 2, 7.9). La proclamation de la royauté sur l'univers de l'un de nous, «comme un fils d'homme» dit le texte de Daniel, n'est pas sans importance alors que nous avons une conscience plus aigüe que jamais de la fragilité de l’homme. La Foi au Christ met l'homme au centre de l'univers. Mais n'oublions jamais que la seule juste place à partir de laquelle on puisse sans trop de dommages parler du règne du Christ, c'est la dernière, celle qu'il nous invite à tenir à sa suite. Si nous comprenons le règne du Christ comme l'extension d’une religion qui se réclame de lui en concurrence avec les autres, nous contribuerons plus à son recul qu'à son avènement.
* Aumônier national catholique des prisons de France et d’Outre-Mer
Dieu et un Etat serviteur
Un César, en Dieu, est amoureux de la Vérité;
je Lui reste fidèle dans notre Cité impie, suis charité;
le Christ Roi m’ouvre à espérer un Etat serviteur,
et à agir pour l’instaurer chez nous, Lui notre protecteur.
La foi, l’Invisible et moi
J’ai cherché à vivre en Vérité d’une façon visible,
Grâce à un ressenti: la Présence de Jésus en mon âme;
ce chemin prend place dans mon agir d’apôtre, s’en réclame;
je m’ouvre au Christ, j’accepte le Mystère d’un réel invisible.
Franck Widro
L’Evangile en poche
Dimanche 24 novembre,
Christ Roi de l’Univers
Première lecture: Dn 7, 13-14;
Psaume: 92
Deuxième lecture: Ap 1, 5-8;
Evangile: Gv 18, 33-37.
Bruno Lachnitt*