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Une maternité divine
et humaine : analyse philosophique de la Madonna del Parto

 Una maternità divina e umana: analisi filosofica della Madonna del Parto    DCM-011
07 décembre 2024

Deux anges ouvrent un rideau, révélant une Marie prise dans une pose qui exprime toute la puissance et le mystère de sa maternité divine et humaine, la nature à la fois de Theotòkos (mère de Dieu) et d'Aeipàrthenos (toujours vierge), fixant son rôle crucial dans le mystère de l'Incarnation.

Il s'agit de la Madonna del Parto, le chef-d'œuvre de Piero della Francesca, et c'est à partir de cette œuvre, qui compte parmi les plus énigmatiques de la Renaissance, que commence La passione di Maria (La passion de Marie), écrit par Massimo Cacciari (éditions Il Mulino), qui fait partie de la série « Icone - Pensare per immagini » (Icônes - Penser en images), publiée par l’éditeur bolonais également par Massimo Cacciari. Un essai intense et passionnant dans lequel le philosophe italien explore la figure de la Vierge, qui n'est pas un simple « instrument » de la volonté divine, mais une Femme qui occupe le centre de l'expérience et du drame du salut. Marie, en effet, montre « de quelle blessure Dieu est engendré », laissant entrevoir une vérité chargée d'humanité et de sacralité.  C’est l'une des images les plus puissantes et les plus mystiques de l'art chrétien. En effet, il s'agit d'une Vierge qui ne possède aucun attribut royal, qui n'a pas de livre à la main et qui est prise dans le geste de poser une main sur sa hanche pour soutenir le poids de son ventre.

« Cette femme, figure très réaliste dans sa tenue et dans son geste, est en même temps une énigme qu'il nous appartient d'interpréter – écrit Cacciari –. Cette femme, qui harmonise si parfaitement en elle l'humilitas (endless, l'appelle Thomas Streams Eliot dans le deuxième des Quatuors) du regard et la monumentalité de la pose, est une dimension essentielle de la plénitude divine : tel est le contenu et le sens de la révélation qui se produit ici, de l'événement qui est représenté ici ».

C'est la maternité corporelle de la Madone, celle-ci peinte entre 1455-1465 par un peintre sublime ; une icône puissante aujourd'hui conservée à Monterchi, splendide village médiéval de la province d'Arezzo.

A travers une lecture profonde et évocatrice de la maternité divine, Cacciari s'interroge sur le rôle central de Marie, non seulement comme mère du Christ, mais également comme « compagne de destin » de son fils. Une porte ouverte sur le sens de la Passion, du sacrifice et de l'amour inconditionnel.  Le cri d'enfantement que prononce Marie se répétera sous la Croix, puis à nouveau - mais peut-être de joie - au moment de l'Assomption, révélant son rôle central dans le mystère chrétien.

« La Femme, donc, - écrit Cacciari - est cette Femme et, en elle, le Ciel ou la porte du Ciel, de l'univers pythago-platonicien. L'abstraction suprême des Nombres de Sophìa l’ancienne, s'accorde avec la Révélation qui a lieu, sur terre, dans celle qui est sur le point d'engendrer. C'est là que se manifeste le véritable nombril du monde ».