Dicastère des causes des saints
«Pour être saint, il n’est pas nécessaire d’être évê-que, prêtre, religieuse ou religieux. Bien des fois, nous sommes tentés de penser que la sainteté n’est réservée qu’à ceux qui ont la possibilité de prendre de la distance par rapport aux occupations ordinaires, afin de con-sacrer beaucoup de temps à la prière. Il n’en est pas ainsi. Nous sommes tous appelés à être des saints en vivant avec amour et en offrant un témoignage personnel dans nos occupations quotidiennes, là où chacun se trouve» (Exhortation apostolique Gaudete et exultate, n. 14).
Ces paroles du Pape François nous rappellent que la sainteté n’est pas réservée à une élite ni hors de notre portée. Elle est au contraire la vocation commune de tous les baptisés. Comme l’affirmait déjà le Concile Vati-
-can ii: tous les fidèles sont appelés «à la plénitude de la vie chrétienne et à la perfection de la charité» (Lumen gentium, n. 40).
Le thème n’est pas nouveau. Déjà saint François de Sales écrivait: «C’est une erreur, et même une hérésie, que de vouloir bannir la vie dévote de la Cour des Princes et des armées, de la boutique des artisans et de la maison des personnes mariées» (Introduction à la Vie dévote, iii). En reprenant cette doctrine dans l’encyclique Rerum omnium perturbationem (1923) pour le troisième centenaire de la mort du saint évêque de Genève, le Pape Pie xi déclarait à son tour que l’appel à la sainteté n’est pas un conseil mais un devoir pour tous les chrétiens, «pour tous absolument, sans aucune exception».
Une des caractéristique de l’enseignement de saint François de Sales est en effet de proposer une spiritualité évangélique à la portée de tous, vécue dans le respect du devoir d’état, la prière et l’accompagnement spirituel. C’est un réaliste qui privilégie la voie de la simplicité et de l’humilité. Se méfiant de ceux qui ne veulent que «cheminer par les sommets», il insiste sur le fait qu’il faut travailler à mettre la sainteté partout et que c’est d’abord dans l’état où nous sommes que nous trouvons le lieu et le moyen de notre sanctification. Parmi les états de vie, il n’oublie pas l’état du mariage. Il est même l’un des premiers auteurs spirituels à écrire pour les gens mariés et à accorder autant d’importance à la sanctification dans le mariage.
Comme «père spirituel», sa pédagogie se fonde sur la persuasion et la suggestion et non sur la peur et la crainte. Développant une vision optimiste de Dieu et de l’homme, il laisse celui ou celle qu’il accompagne se prendre en main par lui-même, se contentant de l’aider par ses conseils et ses encouragements à avancer à son rythme, sans brûler les étapes. On retiendra ses formules directes et percutantes, qui n’ont rien à envier aux tweets de nos actuels communicants, dont il est par ailleurs le saint patron:
«rien par force, tout par amour»,
«en toute chose, avançons bonnement et simplement»,
«le bruit ne fait pas de bien, le bien ne fait pas de bruit».
Rémi Bazin