L’Evangile du mois (Jean 2, 1-11 )

La parfaite obéissance à Jésus

 La parfaite obéissance à Jésus  FRA-001
10 janvier 2025

Institut biblique pontifical

Nous sommes aux noces de Cana, en compagnie de Jésus, de ses disciples et de sa mère. Nous y rencontrons un époux, un maître de repas et des serviteurs. Des jarres de pierre et de l’eau attirent aussi notre attention. Mais qui est l’épouse et où est-elle? Quel est le menu servi à ce repas? L’auditoire l’ignore. Ce silence du texte, tout comme l’effacement de la relation entre l’époux et l’épouse, semble faire partie de la stratégie narrative qui veut nous orienter vers d’autres réalités. Des réalités où l’accent est mis sur les relations entre la mère (dont le nom, on le sait, n’est jamais mentionné), son fils Jésus, et les disciples-serviteurs. En définitive, c’est de Jésus qu’il s’agit. La fin du récit le révèle avec finesse.

Les personnages se disposent en relation dynamique. On identifie un premier groupe cons-titué de la mère de Jésus, Jésus lui-même, les disciples et les serviteurs (A). Viennent ensuite les serviteurs et le maître du repas (B’), puis le maître du repas et le marié (B). Enfin, on revient au groupe initial modifié: la mère de Jésus, Jésus et ses disciples (A’). Ce dernier groupe, mentionné en Jn 2, 12 me semble essentiel, car il dévoile une structure en cercles concentriques (ABB’A’).

L’entourage de Jésus partage un savoir unique qui est l’origine du vin, transformé à partir de l’eau (AA’). Les serviteurs y serviront de modèles aux disciples témoins oculaires. Les personnages hors du cercle de Jésus (B/B’) ignorent tout de cette origine, et c’est ainsi que le marié reçoit malgré lui le crédit pour cette boisson extraordinaire.

On trouve dans ce récit un écho du miracle de l’eau au désert de Cadès. Quand le peuple manquait d’eau, Yhwh ordonna à Moïse et Aaron de frapper la pierre pour en faire jaillir de l’eau (Nombres 20, 1-13). De manière semblable, à Cana, Jésus ordonne aux serviteurs de porter la boisson des jarres de pierre remplies d’eau au maître du repas. A Cadès, de la pierre a jailli de l’eau pour abreuver un peuple épuisé et ranimer sa marche. A Cana, de l’eau contenue dans des jarres de pierre est sorti le vin pour réjouir les convives et prolonger la fête. Dans les deux cas, Dieu a manifesté sa gloire à ceux qui possèdent des yeux de foi.

Si dans le récit des Nombres, Myriam, la sœur de Moïse et d’Aaron, est absente, en Jn 2, la mère est présente. L’obéissance des serviteurs est, d’un côté, déficiente et, de l’autre, efficiente. Est-ce là un charisme propre à la «femme»: aider les serviteurs à se conformer à la volonté du Seigneur? Sur la croix, Jésus lui-même confiera son disciple bien-aimé à sa mère en disant: «Voici ta mère!» (Jn 19, 26-27). Accueillons donc Marie comme notre mère. Elle nous enseignera la parfaite obéissance à son Fils, Jésus.

Paul Béré, S.J.